Portrait d'une charcuterie artisanale

Elle, brune, la quarantaine, les cheveux courts, les yeux marrons et la gentillesse d'une femme corse.

Lui, les cheveux courts poivre et sel, une paire de lunettes visée sur le nez et entièrement vêtu de noir.

Tous les deux, nous attendent, par cette journée ensoleillée, devant leur commerce. Lui, c'est le boucher-charcutier du village de Loreto : jean-jean. Et elle, sa femme : Marie-rose.

Depuis 3 générations ce lieu magique, caché en bas d'une petite ruelle perpendiculaire à la rue de l'église, orne une pancarte rouge qui mentionne : « Boucherie-Charcuterie : Fabrication artisanale »

Le chef des lieux actuels, ce grand homme d'une cinquantaine d'année, nous confie : « Malheureusement, je suis la dernière génération de la famille qui tiendra ce commerce ! Les normes européennes nous poussent à la fermeture ... »

L'artisan apprécié et renommé dans toute la Casinca, nous propose de découvrir les salles en compagnie de sa femme.

Nous découvrons ainsi les séchoirs et fumoirs, sombre et frais, où pendent au plafond des figatelli, saucisses, coppa etc ... par dizaines. Puis, derrière la battisse à l'extérieur, une vieille porte en bois renfermant une cave plus claire et pratiquement vide où sont entreposés les jambons qui sont conservés jusqu'à 2 ans avant d'être vendus.

La dame souriante et accueillante continue de nous guider dans la fabrique, tout en nous présentant les différentes étapes de la fabrication. Aux cours de la visite, nous croisons monsieur un couteau effilé à la main  et un large sourire aux lèvres, non pas qu'il ait des idées belliqueuses, non bien sur, il est en train de trancher du boyau dans son laboratoire.

À ce moment là, ce sympathique personnage nous confie avec amertume, « J'irais jusqu'à la retraite puis je jetterai les clés à la mer et je mangerai ensuite du cochon aseptisé ... »